La collection publique la plus riche au monde de Picasso
La collection du Musée Picasso Paris compte plus de 5000 œuvres, et plus de deux-cent mille pièces d’archives. Par sa qualité, son ampleur comme par la diversité des domaines artistiques représentés, elle est la seule collection publique au monde qui permette à la fois une traversée de tout l’œuvre peint, sculpté, gravé et dessiné de Picasso, comme l’évocation précise du processus créateur de l’artiste.
La composition de la collection
La collection du Musée Picasso-Paris a été créée grâce à deux dations, successivement consenties à l’État par les héritiers de Pablo Picasso en 1979 puis par ceux de Jacqueline Picasso en 1990. Ce dispositif fiscal permet de s’acquitter des droits de succession en donnant à l’Etat des œuvres d’art d’un montant équivalent. Riche d’un patrimoine picassien unique au monde à l’issue de ces deux dations, l’Etat a souhaité répartir les œuvres sur l’ensemble du territoire : si le musée Picasso a bénéficié en grande partie des œuvres issues de la dation de 1979, les collections régionales ont été enrichies par la mises en dépôt d’un grand nombre d’œuvres issues la dation Jacqueline.
La collection du Musée Picasso Paris a par ailleurs été complétée par d’exceptionnels ensembles. Dans la perspective de la création du musée, d’importants legs, dations ou donations ont été effectués par les amis et proches de Picasso. Une politique d’acquisition à titre onéreux a été régulièrement menée par le musée depuis son ouverture en 1985. Elle a permis l’entrée dans les collections nationales de plus d’un millier d’œuvres. Cette exceptionnelle collection confère au Musée Picasso Paris un rôle central au plan international tant pour la présentation de l’œuvre de Picasso que pour la recherche relative à sa vie ou à son œuvre et sur l’art moderne en général.
Les circonstances singulières de la constitution de la collection du Musée Picasso Paris confèrent à ce fonds un statut sans équivalent. L’entrée dans les collections nationales d’un tel ensemble répondait à un projet patrimonial d’ampleur décidé par André Malraux à l’issue des grandes célébrations organisées à l’occasion du quatre-vingt-cinquième anniversaire de Picasso au Grand palais, au Petit Palais et à la Bibliothèque nationale. C’est sous son impulsion et en prévision de la succession de Pablo Picasso, que fut ainsi conçu en 1968 l’outil de la loi instituant la dation d’œuvres d’art en paiement des droits de succession « tendant à favoriser la conservation du patrimoine artistique national.»
Ainsi, la dation consentie à l’Etat par les héritiers de Picasso en 1979 constitue le premier enrichissement des collections nationales par ce moyen et a permis de créer ex nihilo un grand musée monographique dédié à la vie et à l’œuvre de Picasso. Le droit de premier choix généreusement accordé à l’État par les héritiers de l’artiste a, en outre, rendu possible la constitution de l’ensemble le plus représentatif des « Picasso de Picasso », œuvres que l’artiste avait conservé par devers lui tout au long de sa vie.
La collection personnelle de Picasso
Tout au long de sa vie Pablo Picasso accumule plus d’une centaine d’œuvres. Cette collection s’est acquise à force d’échanges entre confrères peintres, de paiements en tableaux, au gré des rencontres et des lieux de vies. Les œuvres qui la composent, recouvrent aussi bien des statues ibériques, que des masques d’autres continents, que des toiles de Corot, Vuillard, Cézanne, Gauguin, Matisse, le Douanier Rousseau, Renoir, Braque, Modigliani, Miro, ou encore des dessins de Degas ou Chirico.
Le 8 avril 1973, à la mort de Picasso, la question de la succession de ses biens se pose. De son vivant, Picasso avait pris des dispositions d’héritage et ainsi prévu de faire don de sa collection personnelle à l’Etat français. Les héritiers de l’artiste ont respecté cette volonté et le 26 mai 1978, la collection est présentée au dernier étage de la galerie de Flore au Louvre. Une seconde donation est effectuée en 1978, qui complète et enrichit cet ensemble ainsi que les archives personnelles du peintre, d’abord déposées en pré-classement cette même année puis entrées dans les collections nationales par une donation de 200 000 pièces en 1992. Le Musée national Picasso-Paris abrite aujourd’hui la collection et en expose une grande partie au 2ème étage de l’Hôtel Salé.
La plus grande collection de peintures picassiennes
Toute l’histoire de l’œuvre peint de l’artiste est retracée dans la collection du Musée Picasso Paris grâce aux presque 300 peintures qui la constituent aujourd’hui. Depuis « l’Autoportrait » et « La Célestine » de la période bleue jusqu’aux « Baisers », « Grands Nus », « Matadors et Musiciens » des années ultimes, on y trouve représentées les principales périodes de l’œuvre picassien. Ainsi, des importantes toiles préparatoires aux « Demoiselles d’Avignon », de la « Nature morte à la chaise cannée » de 1912 (premier collage de l’art moderne), des grandes peintures du cubisme « Homme à la guitare » et « Homme à la mandoline », 1911-1913, de l’exceptionnelle série d’assemblages, de papiers collés et de constructions de la période cubiste (1912 à 1916), des grandes « machines » classiques des « Femmes à la fontaine » ou « La Flûte de Pan », de l’extraordinaire séquence des toiles surréalistes des années 1924-1930, des « peintures de guerre » témoignant de la guerre civile espagnole, des Memento mori de la période d’Occupation, des toiles et sculptures composites d’un esprit pop des années 50 aux œuvres de la dernière décennie dialoguant avec les maîtres anciens.
Les sculptures de Picasso
À son ouverture en 1985, le Musée Picasso présente un ensemble exceptionnel de sculptures, de céramiques et d’objets, restés longtemps inaccessibles dans les divers ateliers de Picasso. Environ 350 œuvres en trois dimensions composent la collection la plus complète de pièces en volume de l’artiste, dont de nombreuses pièces rares comme les tableaux-reliefs et les constructions cubistes. On y trouve réunie la quasi-totalité de l’œuvre sculpté de l’artiste en un véritable laboratoire de son art pictural : les bois et bronzes proto-cubistes (1906- 1909), les constructions cubistes (1913-1916), les maquettes en métal filaire tel le « Projet pour un Monument à Apollinaire » (1928), la série des grands plâtres des « Têtes de Boisgeloup » (1930), les figures emblématiques de la « Femme au jardin » (1930), la « Tête de taureau » (1939-1943), « l’Homme au mouton » (1943), les montages et marcottages de la « Petite fille sautant à la corde » (1950), « La Chèvre » (1950) ou « La Guenon et son petit » (1952) ou les révolutionnaires tôles découpées des années 1960. Autant de jalons essentiels de l’œuvre sculpté de Picasso.
De plus, cet ensemble est lié à un fonds photographique singulier, et conservé au musée. Familier des ateliers de Picasso, Brassaï constitua une documentation photographique considérable sur la sculpture de l’artiste qui permet de valoriser cette partie de la collection. Cet ensemble issu d’un autre médium artistique, intègre les collections du Musée Picasso Paris, lors de l’acquisition en 1996 du fonds de Brassaï traitant de l’œuvre et de la vie de Picasso.
Une oeuvre graphique conséquente
Dans les ateliers de Picasso, le papier a connu des états divers : dessiné, bien sûr, mais aussi collé, déchiré, monté en volume, toujours travaillé et rarement délaissé. Plus de 3900 numéros ont été recensés dans son réservoir de souvenirs iconographiques, de gestes graphiques et historiques, d’échafaudages échappant vers la sculpture et la peinture. C’est un fantastique héritage qui arrive en 1979 avec la dation Pablo Picasso, dans une virtuosité des matières et des techniques : crayon, fusain, encre, pastel, aquarelle, sous forme de feuilles libres ou de carnets – tout ce qui parle de cette familiarité quotidienne avec la matière végétale qu’est le papier. Des scènes de genre de son adolescence jusqu’aux ultimes croquis crus et allégoriques de sa vieillesse assumée, Picasso aura dessiné sa vie.
Les gravures
Picasso a aussi réalisé des gravures. Attentif au potentiel de cette technique, il a su mettre en place un dialogue artistique avec ce mode de création alternatif. Son attention portée à la littérature antique, moderne ou contemporaine, et pour les maîtres anciens, se déploie dans un ensemble riche d’ouvrages conservés au musée. Le livre apparaît ainsi comme un support privilégié de certaines visions et fantasmes. Picasso, associé à quelques fameux artisans de la gravure, a donné une respiration inédite à ce domaine de création qui se traduit dans des centaines d’essais, d’épreuves, de plaques de gravure, de repentirs et de bon-à-tirer, matrices et productions réconciliées.
Les archives
Les archives accumulées par Picasso ont été données à l’État – conjointement à la Direction des Archives de France et à la Direction des Musées de France – par l’ensemble des héritiers en 1992 et affectées au Musée Picasso chargé de leur conservation et de leur mise en valeur. Un inventaire sommaire a permis de distinguer le fonds photographique et le fonds des documents papier, comportant notamment les archives « écrites ». Le fonds des archives écrites comprend plus de 100 000 documents. Provenant des différentes demeures de Picasso, ce sont ses écrits, ses papiers personnels, ses comptes, ses livres, ses catalogues d’exposition mais aussi des correspondances, des manuscrits d’auteurs, des maquettes d’ouvrages, des tracts, des cartons d’invitation, des coupures de presse, etc. : le palimpseste d’une vie, car Picasso est réputé pour « tout garder ».
Les photographies
Le fonds des archives photographiques est riche de plus de 17 000 documents attestant de l’intérêt souvent expérimental de Picasso pour le médium photographique. Il rassemble les photographies réalisées par Picasso lui-même mais aussi par des figures importantes de la photographie au XXe siècle (Cecil Beaton, Brassaï, Robert Capa, Henri Cartier-Bresson, Lucien Clergue, Robert Doisneau, Douglas David Duncan, Dora Maar, Man Ray, Gjon Mili, Edward Quinn, André Villers, entre autres). Cet ensemble rend compte de l’étroite collaboration de l’artiste avec les photographes du siècle.
La bibliothèque et la documentation autour de Picasso
La bibliothèque rassemble un fonds d’environ 11 000 ouvrages. Ceux-ci ont été achetés ou obtenus par dons ou échanges ces trente dernières années. Sont conservés également une centaine de livres illustrés d’estampes originales de Pablo Picasso. Les équipes du musée nourrissent des dossiers documentaires sur les œuvres de la collection, ainsi que sur des thématiques liées à Pablo Picasso. Enfin, le musée dispose d’une documentation audiovisuelle de provenance et format divers.
Le mobilier Giacometti
Le Musée Picasso-Paris possède un ensemble exceptionnel de 50 pièces de mobilier créées exclusivement par Diego Giacometti pour l’aménagement de l’Hôtel Salé.
Cet ensemble unique comprenant bancs, chaises et tables en bronze, ainsi que différents modèles de luminaires en bronze et en résine, fut acquis lors de l’ouverture du Musée Picasso en 1985, grâce à une commande publique initiée par le Centre National des Arts Plastiques.
Les meubles sont fondus par la fonderie Susse et la fonderie Jacques Redoutey, et livrés quelques semaines après la mort de Diego. Les luminaires sont réalisés par l’atelier Haligon, avec une grande fidélité aux plâtres de l’artiste. Ces œuvres témoignent de la délicatesse de l’univers de Diego Giacometti, où se lit la pureté de la ligne grecque dans le dessin des tables, bancs et chaises ou la présence touchante de la nature, au travers des tulipes et feuillages entourant les bulbes des luminaires, ou de deux petites chouettes posées sur le branchage métallique d’une lanterne de bronze.