Plein tarif : 16 euros
Tarif réduit : 12 euros
Tarif spécial famille : Tarif réduit pour 1 à 2 adultes accompagnant un enfant
Gratuit pour les adhérents
A propos de l'exposition
La spiritualité et la mémoire sont au cœur de l’œuvre de Pascal Convert. Dans le cadre de la création du Centre d’Etudes Picasso, le musée a commandé à l’artiste une grande bibliothèque de livres cristallisés – tous ouvrages monographiques sur Picasso – qui constituera l’œuvre emblématique et tutélaire du lieu qui ouvrira ses portes aux chercheurs et amateurs début 2025.
« La cristallisation au livre perdu » consiste à détruire un livre et son contenu par du verre en fusion qui prendra peu à peu la place du livre. En résulte un objet fantomatique, un ouvrage cristallisé porteur de mémoire vitrifiée. Les restes calcinés du livre initial demeurent au cœur de la sculpture. Le choix de cette œuvre a été fait en écho à la place qu’occuperont la bibliothèque et le fonds exceptionnel d’archives personnelles de Picasso dans ce nouveau centre installé dans l’Hôtel de Rohan.
Anticipant la mise en place de cette œuvre in-situ, le musée présente à partir d’octobre prochain, dans la cour, le vestibule et le jardin de l’Hôtel Salé, une importante installation composée de souches en bois et en cristal, intitulée selon les mots qu’adressent l’ami Apollinaire à Picasso depuis les tranchées, « Si je mourais là-bas ». Ces souches en bois enduit d’encre de chine, prélevées des champs de bataille de Verdun et aujourd’hui rassemblées, forment une évocation frappante de la grande guerre de 14/18 mais aussi de toutes les guerres actuelles, les destructions et les migrations qu’elles entraînent. Le philosophe, Georges Didi-Huberman, analyse dans un texte la polysémie de cet objet-résidu : « La souche est un objet de profondeur, mais aussi d’extension : elle procède encore de la racine, elle procède déjà de la ramure. […] Elle évoque aussi bien la vie en mouvement, avec ses écheveaux de perturbations dynamiques, que la vie en arrêt, avec son aspect fossilisé, déjà minéral. […] La souche est aussi nécessaire, comme organisme de croissance, qu’elle est contingente comme résidu foudroyé. Aussi cohérente dans le sol où elle pousse qu’erratique et absurde sur le sol où tu la déposes. » (Georges Didi-Huberman, La demeure, la souche, apparentements de l’artiste, 1999.) à l’Hôtel Salé, ces traces et empreintes de la Grande Guerre dialogueront avec la présence fantomatique et prégnante du poète Apollinaire mort en 1918, entre la sculpture-monument – Figure ou « sculpture du rien » (1928) - que Picasso réalise en hommage à son ami disparu et les effigies nombreuses qu’il dessine du poète.
Biographie
Pascal Convert est artiste, historien et écrivain. La question de la mémoire et de l’oubli est au cœur de son travail. En 1989, il est pensionnaire à la Villa Médicis. En 1998, Georges Didi-Huberman a consacré un livre à son œuvre « La demeure, la souche », suivi de "Sur le fil" aux Éditions de Minuit. 2013.
Pascal Convert est l’auteur d’œuvres emblématiques et engagées autour de l’Histoire et la mémoire ; telles que – pour n’en citer que quelques-unes - le monument en hommage aux otages et résistants fusillés au Mont-Valérien entre 1941 et 1944, cloche imposante en bronze recouverte des noms des mille huit fusillés identifiés (2002) ; l’ensemble de quatorze vitraux portraitisant des enfants aliénés au XIXe s pour l’Abbatiale de Saint Gildas des Bois (2008). A partir des années 2000, Il réalise des sculptures en cire inspirées d’icônes de presse de conflits proches (Kosovo, Algérie, Palestine) et poursuit ses recherches sur la période la Résistance en France en publiant les biographies de Joseph Epstein, résistant fusillé au Mont Valérien, responsable du groupe Manouchian et de Raymond Aubrac. En 2016 Pascal Convert se rend en Afghanistan où il réalise une oeuvre qui rappelle la destruction le 19 mars 2001 par les Talibans des Bouddhas géants de la falaise de Bamiyan. L’œuvre photographique et panoramique de 16m de long est actuellement exposée dans la galerie du Temps au Louvre Lens. Sa collaboration avec Georges Didi-Huberman s’est poursuivie à cette occasion avec la création d'un livre d'artiste titré "Antres-temps". Ses travaux plus récents l’ont conduit sur les problématiques mémorielles en Arménie, en particulier la destruction des Katchkars, stèles gravées réalisées entre le 12ème et le 18ème siècle, par les autorités d’Azerbaïdjanaises. Entre actualité et complexité du temps, la monographie « Pascal Convert » co-éditée avec le CNAP et Flammarion retrace pour la première fois l’ensemble de ses œuvres (2024).
Pascal Convert est représenté par la galerie RX&SLAG.