Image
Picasso et l'Espagne
Image
Picasso et l'Espagne

Picasso et l'Espagne

Image
Picasso - Corrida - MP77 - 16-560475
Légende
Pablo Picasso, « Corrida », 1922, Dessin au crayon, huile sur bois, peinture sur bois 13 x 19 cm, MP77, Musée national Picasso-Paris

Même si Pablo Picasso a vécu une grande partie de sa vie en France, le lien entre l’homme et l’Espagne, son pays d’origine, reste fort et ancré, aussi bien dans sa vie personnelle qu’artistique. Comment Picasso entretient-il ce rapport avec l’Espagne ?

Le pays natal

Image
Anonyme - Le cabaret El quatre Gats, Carrer de Montsió - FPPH129 - 18-510867
Légende
Anonyme, « Le cabaret El quatre Gats, Carrer de Montsió », Barcelo, 18 x 22 cm, FPPH129, Musée national Picasso-Paris

Picasso grandit jusqu’à ses 20 ans entre Malaga, la Corogne et Barcelone. La première partie de sa vie baigne donc dans la culture espagnole. C’est là qu’il va étendre son premier réseau artistique à travers de nombreuses rencontres. L’effervescence barcelonaise est stimulante, Picasso crée dans son atelier de la Riera, qu’il partage avec son ami Carles Casagemas, et ils retrouvent régulièrement le reste de leur bande, composée d’artistes et écrivains, à la taverne d’El Quatre Gats. Picasso y fait sa première exposition, où il punaise aux murs des portraits de ses camarades qui fréquentent le lieu, ainsi que la toile Derniers moments qui voyagera jusqu'à Paris la même année pour être présentée à l’Exposition Universelle.

Les allers-retours fréquents

1900 marque le premier voyage en France. Deux mois après, il revient à Barcelone et en profite aussi pour visiter la famille de Casagemas à Malaga, et ses amis vivant entre Madrid et Tolède. A cette époque, Picasso ne cherche pas à fuir son pays d’origine mais est plutôt à la recherche de nouveautés. Ses déplacements répondent à une envie d’évoluer ailleurs, grâce à des rencontres, mais peut-être aussi à des opportunités de travail plus importantes en France. Après de nombreux allers-retours, Pablo Picasso s’installe définitivement à Paris en 1904, ce qui ne l’empêche pas de retourner ponctuellement en Espagne, où il puise encore beaucoup d’inspiration. Ainsi, en 1906, il passe l’été à Gósol, avec Fernande Olivier, sa compagne de l’époque. Ce séjour marque une profonde rupture, Picasso quittant la période rose et s’engageant vers une peinture autonome, nourrie de sources autres, qui le mènera aux « Demoiselles d’Avignon ».

Image
Pallarès i Grau Manuel - Picasso, Mateu de Soto et Casagemas sur la terrasse du 3 rue de la Merced à Barcelone - APPH15324 - 15-526522
Légende
Pallarès i Grau Manuel, « Picasso, Mateu de Soto et Casagemas sur la terrasse du 3 rue de la Merced à Barcelone », vers 1900, 18 x 24 cm, APPH15324, Musée national Picasso-Paris
Image
Picasso - Paysage - MP489 - 94-020205
Légende
Pablo Picasso, « Paysage », 1906, Dessin au crayon noir, gouache, 47 x 61 cm, MP489, Musée national Picasso-Paris

La rupture avec l’Espagne

En 1936, la guerre civile éclate en Espagne. Elle oppose le camp des républicains (orienté politiquement à gauche) et le camp des conservateurs et fascistes, dirigé par le général Franco. Ce dernier prend le pouvoir à la suite d’un coup d’état et impose son régime politique jusqu’à sa mort en 1975. Picasso n’est pas en Espagne et vit ces troubles à distance. Ses archives privées conservent, par exemple, une correspondance avec sa mère qui lui raconte la guerre de l’intérieur et lui décrit les misères engendrées par le climat tendu.
L’engagement de Picasso auprès des Républicains se fera autrement que les armes à la main. Il accepte d’être nommé directeur du Prado, et de réaliser une grande commande pour le Pavillon espagnol de l’Exposition internationale des arts et techniques appliqués à la vie moderne de 1937. « Guernica » atteste ainsi son engagement républicain face au camp fasciste.

Image
Maria Ruiz-Picasso - Lettre de Maria Ruiz-Picasso à Pablo Picasso, 25 Juillet 1936 - 515AP/I/16/1(1) -17-526179
Légende
Maria Ruiz-Picasso, « Lettre de Maria Ruiz-Picasso à Pablo Picasso », 25 Juillet 1936, 18 x 13 cm, 515AP/I/16/1(1), Musée national Picasso-Paris
Image
Maria Ruiz-Picasso - Lettre de Maria Ruiz-Picasso à Pablo Picasso, 25 Juillet 1936 - 515AP/I/16/2(1) - 17-526183
Légende
Maria Ruiz-Picasso, « Lettre de Maria Ruiz-Picasso à Pablo Picasso », 25 Juillet 1936, 515AP/I/16/2(1), Musée national Picasso-Paris

Guernica

Initialement, les dessins préparatoires traduisent un tout autre sujet, qui tient aussi à cœur de Picasso, celui de l’artiste dans son atelier. Le bombardement qui a lieu dans la petite ville basque de Guernica, le 26 avril 1937, change la donne. En un mois, Picasso peint une toile monumentale représentant toute l’horreur de l’évènement via des symboles récurrents dans son historique iconographique comme la figure du cheval, celle du taureau ou encore de la femme qui pleure.
La toile, qui a voyagé dans le monde entier entre 1937 et 1956, acquiert rapidement une grande renommée tant pour sa portée symbolique que politique, elle dépasse la simple visée dénonciatrice de la violence franquiste, car elle devient aussi la représentation des atrocités de la guerre en générale.
A la demande de Picasso, le tableau est conservé pendant toute la dictature franquiste aux États-Unis, puis est transférée en 1981 en Espagne, peu après la mort de Franco, où elle est exposée depuis au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia. Le cheminement de la toile et le refus de la restituer à l’Espagne sous Franco, manifeste la volonté de Picasso d’affirmer son opposition au régime.

Image
Dora Maar - Picasso peignant "Guernica" - MPPH1391 - 95-014372
Légende
Dora Maar, « Picasso peignant "Guernica"», 1937, MPPH1391, Musée national Picasso-Paris
Image
Dora Maar - Huile sur toile "Guernica" en cours d'exécution, état VII - APPH1370 - 17-630055
Légende
Dora Maar, « Huile sur toile "Guernica" en cours d'exécution, état VII, atelier des Grands-Augustins, Paris, en mai-juin 1937 », 24 x 30 cm, APPH1370, Musée national Picasso-Paris

Les amis espagnols

Le lien entre Picasso et l’Espagne est aussi nourri par ses relations amicales espagnoles, qui gravitent autour de lui tout au long de sa vie. À son arrivée à Paris, il est accompagné de Carles Casagemas, et se construit peu à peu un groupe franco-hispanique, dans la capitale, composé, entre autres, des artistes comme Utrillo, Pallarès, Casas ou encore Sabartès. Ce dernier ne manque pas à l’appel parisien, et après de nombreux séjours en France aux côtés de Picasso, Jaime Sabartès s’y installe définitivement en 1935 et devient le secrétaire particulier de l’artiste à sa demande. Il reste auprès de lui pendant plus de 50 ans. Une partie du fonds du Museu Picasso, à Barcelone, provient d’une donation de Sabartès en 1963, qui suggère en 1970 à Pablo Picasso une donation d’un millier d’œuvres.

Image
Anonyme - Portrait de Jaime Sabartés - APPH4459 - 18-508325
Légende
Anonyme, « Portrait de Jaime Sabartés », 1904, 17 x 8 cm, APPH4459, Musée national Picasso-Paris
Image
Dora Maar - Picasso et Jaime Sabartés sur un balcon - MP1998-167 - 18-522132
Légende
Dora Maar, « Picasso et Jaime Sabartés sur un balcon », 1938-1943, 6 x 6 cm, MP1998-167, Musée national Picasso-Paris

Le sud de la France : la nouvelle Espagne ?

Picasso s’installe dans le sud de la France, sur la côte d’Azur en 1948. Le soleil et la chaleur provençale lui rappellent cette Espagne, qu’il a tant appréciée et parcourue dans sa jeunesse. Mais le sud c’est avant tout la corrida, spectacle que Picasso affectionne particulièrement. Petit déjà, son père l’emmenait assister au duel homme-animal dans les arènes de Malaga. Sur la côte, Picasso retrouve cet attrait pour le spectacle cruel, et justifie cela en expliquant qu’il y voyait une survivance du culte de Mithra. On peut voir sur certaines photographies de la collection, à quel point Picasso apprécie les corridas, parfois allant même jusqu’à se déguiser en torero ! Il n’hésite pas à utiliser ce thème dans ses œuvres et celui de la figure du taureau, à travers lequel il personnifie l’Espagne. Il y a donc toujours eu une marque indélébile de l’Espagne dans le cœur de Picasso mais aussi dans son œuvre, parfois nostalgique de son enfance passée là-bas, le pays des corridas reste une source d’inspiration primordiale pour l’artiste.

Image
Lucien Clergue - Pablo Picasso présidant une corrida, aux arènes de Fréjus - MP1990-384(7) - 16-538422
Légende
Lucien Clergue, « Pablo Picasso présidant une corrida, aux arènes de Fréjus », en 1962, 24 x 30 cm, MP1990-384(7), Musée national Picasso-Paris
Image
Picasso - Corrida - MP77 - 16-560475
Légende
Pablo Picasso, « Corrida », 1922, Dessin au crayon, huile sur bois, peinture sur bois 13 x 19 cm, MP77, Musée national Picasso-Paris
Image
Jean Nocenti - Pablo Picasso avec Jean Cocteau en torero et Jeanne Creff au restaurant - APPH7642 - 16-537961
Légende
Jean Nocenti, « Pablo Picasso avec Jean Cocteau en torero et Jeanne Creff au restaurant, Vallauris », Août 1955, APPH7642, Musée national Picasso-Paris