La Flûte de Pan

1923
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Pablo Picasso, « La Flûte de Pan », 1923, Huile sur toile, 205 x 175 cm, MP79, Musée national Picasso-Paris
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Pablo Picasso, « La Flûte de Pan », 1923, Huile sur toile, 205 x 175 cm, MP79, Musée national Picasso-Paris
Légende
Pablo Picasso, « La Flûte de Pan », 1923, Huile sur toile, 205 x 175 cm, MP79, Musée national Picasso-Paris

Les années 1920 voient les arts plastiques, l'architecture ou encore la musique réinterpréter l'idéal classique. Le « Retour à l'ordre » marque la peinture de cette époque, alors que Le Corbusier développe une architecture révolutionnaire inspirée des règles d'or de l'architecture ancienne et d'un idéal hygiéniste solaire et méditerranéen.

Peintes durant un séjour estival au Cap d'Antibes, ces figures masculines sont tout à la fois des pêcheurs contemporains d'Ulysse, des bergers issus des « Bucoliques » du poète antique Virgile, qui chantent leurs poèmes avec la flûte de Pan, et de modernes jeunes hommes en maillot de bain blanc. Des éléments d'architecture simples, géométriques, évoquent à la fois le décor d'un théâtre antique et l'architecture moderniste. Le léger déhanchement du personnage de gauche est typique de la position classique dite du contrapposto, et lui procure un caractère atemporel. Massifs, immobiles, ils sont tous deux concentrés: l'un sur son instrument, tandis que l'autre fixe le lointain, dans une expression mélancolique. Malgré la présence de la flûte, le silence est assourdissant. Le monde classique est un autre monde, perdu à jamais, à peine audible pour nos oreilles contemporaines. Comme l'énonçait déjà avec mélancolie l'artiste admiré de Picasso, Nicolas Poussin, dans sa peinture « Les Bergers d'Arcadie », dite aussi « Et in Arcadia ego » (vers 1638-1640, musée du Louvre, Paris), la mort rôde également dans l'Arcadie de l'Âge d'or.