Samedi 26 mars : Réception de l’œuvre sculpté de Picasso
Ouverture de la 3e journée
Virginie Perdrisot, conservatrice chargée des sculptures, des peintures (1922‑1937), des céramiques et de la collection personnelle de Picasso et commissaire de l'exposition « Picasso. Sculptures », Musée national Picasso-Paris
Cécile Godefroy, docteur en histoire de l'art et commissaire associée de l'exposition « Picasso. Sculptures »
Brigitte Leal : « La grande révélation de l’œuvre sculpté de Picasso »
Brigitte Leal, directrice adjointe en charge des collections du Musée national d'art Moderne, conservatrice générale du patrimoine 1966-1979
Colloque « Picasso. Sculptures » : Brigitte Leal - « La grande révélation de l’œuvre sculpté de Picasso »
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Elizabeth Cowling : « The Box as Sculpture »
Elizabeth Cowling, professeur, University of Edinburgh
Table ronde « La sculpture de Picasso et la photographie »
Modération par Violette Andrès, chargée du fonds photographique, Musée national Picasso-Paris et Cécile Godefroy
Ulrike Blumenthal, magister Artium
« Documentation créatrice. L'œuvre sculpté de Picasso dans les photographies de Brassaï »
Alma Mikulinsky, docteur en histoire de l'art
« Haptic Visuality in "Les Sculptures de Picasso" »
Ulrike Blumenthal, magister Artium
« Documentation créatrice. L'œuvre sculpté de Picasso dans les photographies de Brassaï »
Les photographies que Brassaï fait des sculptures de Picasso ont été publiées la première fois dans la revue Minotaure en 1933. Elles marquent une nouvelle étape dans la réception et la diffusion de l’œuvre sculpturale de l’artiste espagnol. Depuis ses origines, la photographie entretient une relation privilégiée avec la sculpture du fait de sa nature indicielle, sa capacité à figer le mouvement et l’ambiguïté de son statut entre original et copie. Les images de Brassaї, en adoptant une esthétique singulière, ouvrent sur de nouvelles interprétations de l’œuvre sculpturale de l’artiste, en particulier de ses sculptures des années 1930. En variant les points de vue, en pratiquant des agrandissements et des recadrages, Brassaï modifie la perception visuelle des sculptures tout en soulignant leur richesse formelle. Le langage photographique devient ainsi une forme de critique d’art visuelle qui s’interpose entre les œuvres et le public. À partir d’exemples choisis, nous tenterons d’interroger le rôle d’intermédiaire des photographies de Brassaї dans la réception de l’œuvre de Picasso, abordant par là certains points majeurs du dialogue entre photographie et sculpture.
Biographie : Après des études d’histoire de l’art, de médias/communications et de philologie allemande à l’université de Leipzig (Allemagne) et à l’Université libre de Bruxelles (Belgique), Ulrike Blumenthal a entamé une thèse sur la représentation des artistes de l’école de Paris dans la photographie. De 2013 à 2016, elle était doctorante associée à l’école doctorale « Das fotografische Dispositiv » à l’École des beaux-arts de Brunswick. Après un séjour de recherche en Hongrie à Kecskemét et Budapest (juillet-août 2014), elle a obtenu une bourse au Centre allemand d’histoire de l’art à Paris, où elle travaille actuellement comme assistante de recherche.
Colloque « Picasso. Sculptures » : Ulrike Blumenthal - « Documentation créatrice. L'œuvre sculpté de Picasso dans les photographies de Brassaï »
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Alma Mikulinsky, docteur en histoire de l'art
« Haptic Visuality in "Les Sculptures de Picasso" »
Cet essai porte sur la publication par les Éditions du Chêne, en 1949, du livre « Les Sculptures de Picasso, photographiée par Brassaï ». Le texte révèle que les différentes composantes de l’ouvrage – des photographies de Brassaï au processus éditorial conduit par Picasso – ont opéré ensemble pour générer une expérience haptique de l’art visuel. Alors que le discours traditionnel sur la sculpture moderniste relève d’une lecture essentiellement optique, le lecteur est ici encouragé à découvrir le livre grâce à une simulation visuelle de tactilité, expérience qui bouleverse le rapport sculpteur-photographe-spectateur.
Biographie : Alma Mikulinsky, historienne de l’art et commissaire indépendante, a travaillé, enseigné et publié sur le thème de l’art du xxe siècle dans le monde entier. Elle a obtenu son doctorat en histoire de l’art, « The Chisel and the Lens: Picasso, Brassaï and the Photography of Sculpture », à l’Université de Toronto en 2011. Au cours de ses études post-doctorales à l’université de Hong Kong, elle a organisé la plus grande exposition de céramiques de Picasso en Asie à ce jour. Elle a été invitée à écrire pour le catalogue de l’exposition « Picasso 1932: Love, Fame, Tragedy », qui aura lieu à la Tate Modern à Londres et au Musée national Picasso-Paris en octobre 2017. Elle est la conseillère académique de l’exposition “Picasso: erudita mano, ojo salvaje” qui aura lieu fin 2016 au Centro cultural Palacio de la Moneda à Santiago du Chili.
Colloque « Picasso. Sculptures » : Alma Mikulinsky - « Haptic Visuality in "Les Sculptures de Picasso" »
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Malgorzata Dabrowska : « Dialogue avec Picasso-la sculpture cubiste en Pologne »
Malgorzata Dabrowska, docteur en histoire de l'art
Catherine Zappia : « Expositions et littérature: L'Italie et la sculpture de Picasso après la Seconde Guerre mondiale »
Catherine Zappia, professeur émérite, Università degli Studi di Perugia
L’article étudie la réception de la sculpture de Picasso en Italie, tant du point de vue critique qu’expositionnel. Très vite en Italie on étudie la sculpture de Picasso. Enrico Prampolini, le tout premier, publie en 1943 « Picasso scultore », ouvrage bientôt suivi de nombreux articles rédigés par Giulia Veronesi pour Emporium, puis de deux essais de Giulio Carlo Argan en 1953 (« Scultura di Picasso » et « Moralismo di Picasso »). Des détails sont également fournis sur les expositions ayant présenté les sculptures du maître espagnol, notamment celle de la Villa Mirabello à Varèse, et celles, personnelles, de Rome et de Milan de 1953. La poterie fait aussi l’objet d’expositions, comme celle tenue à la Triennale de Milan en 1951, ou les nombreuses manifestations organisées par le musée de Faenza, en remerciement du don d’un plat et de deux vases fait par Picasso en 1951. Est également évoquée la dette de Picasso envers l’art italien, notamment envers Michel-Ange et surtout les Étrusques. Ces derniers avaient déjà retenu l’attention d’Ardengo Soffici, qui en 1909 avait écrit à Picasso de venir en Italie voir l’art étrusque, et plus tardivement de Gino Severini qui en 1958 lui envoie deux séries de photographies des statuettes étrusques conservées au musée de Cortone.
Biographie : Professeur d’histoire de l’art contemporain à Pérouse depuis 1991, Caterina Zappia s’est occupée à partir de 1997 des relations culturelle et artistique entre la France et l’Italie, notamment à travers Maurice Denis (« Maurice Denis e l’Italia: journal, carteggi, carnets », Università degli studi di Perugia, 2001) et surtout Picasso, conduisant ses recherches dans les archives du Musée Picasso-Paris et de nombreuses archives Italiennes. En effet, elle a établi l’abontante correspondance entre les artistes, les intellectuels et les hommes politiques italiens et Picasso. Auteure de plusieurs essais (« Severini, Picasso e i frères Rosenberg : arte e mercato negli anni della grande guerra », « Commentari d’arte », no 20/23, 2005, p. 119-130 ; « Picasso e gli Etruschi : arcaismo e classicismo del maestro del Novecento », Ricerche di storia dell’arte, no 81, 2003 ; « Gli italiani scrivono a Picasso », « Les Cahiers d’histoire de l’art », janvier 2003, p. 161-167), elle a aussi participé à de nombreux colloques en Italie (Florence, Rome, Pérouse, Venise) ou en France (Paris, Nantes, Poitier), et travaillé comme commissaire d’exposition (« Fascinante Italie de Manet à Picasso », musée des Beaux-Arts de Nantes, 2010 ; « Pablo Picasso : I saltimbanchi », Sienne, Gli Ori, 2011 ; « Gli anni folli. La Parigi di Modigliani, Picasso e Dalí. 1918-1933 », Ferrara Arte, 2011). Tout en achevant un livre sur Picasso, elle a co-dirigé un ouvrage sur le musée Marabottini à Pérouse (Collezione Alessandro Marabottini, [Palazzo Baldeschi al Corso, Perugia], Rome, De Luca Editori d’Arte, 2015).
Colloque « Picasso. Sculptures » : Catherine Zappia - « Expositions et littérature: L'Italie et la sculpture de Picasso après la Seconde Guerre mondiale »
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Pepe Karmel : « La matérialité du signe »
Pepe Karmel, associate professor, Department of Art History, New York University
Biographie : Pepe Karmel enseigne l’histoire de l’art à l’université de New York. Son livre « Picasso and the Invention of Cubism » a été publié par Yale University Press en 2003. Il a organisé l’exposition « Robert Morris: Felt Works » au Grey Art Gallery, New York University, en 1989. Avec Kirk Varnedoe, il a été commissaire de l’exposition rétrospective de « Jackson Pollock » au Museum of Modern Art de New York, en 1998. Organisateur en 2004 de « L’Époque de Picasso : dations aux musées américains » à Rome et à Santander, en Espagne, il a également été commissaire de l’exposition « New York Cool: Painting and Sculpture from the NYU Collection » en 2008, et, avec Joachim Pissarro, de « Conceptual Abstraction », au Hunter College/Times Square Gallery en 2012. Auteur de nombreux essais pour des catalogues d’exposition, il a aussi écrit sur l’art moderne et contemporain pour des publications comme « Art in America » et le « New York Times ». Il travaille actuellement sur Abstract Art: Bodies, Landscapes, Architectures, ouvrage à paraître chez Thames & Hudson en 2018.
Alain Kirili: « Picasso Sculpteur: un secret du XXe siècle »
Conversation avec Cécile Godefroy et Virginie Perdrisot
Alain Kirili, sculpteur
Biographie : Alain Kirili (né le 29 août 1946) est un artiste, connu pour ses sculptures post-minimalistes et abstraites en fer forgé et pour ses sculptures publiques monumentales. Il a exposé ses œuvres régulièrement en Europe et aux États-Unis dans des musées, galeries et espaces publics. Différents historiens d’art français et américains tels que Thierry Dufrêne, Robert C. Morgan, Robert Rosenblum et Kirk Varnedoe ont publié des textes critiques à propos de ses sculptures. Alain Kirili vit et travaille entre Paris et New York. Alain Kirili est un sculpteur de la verticalité et du modelé. Son œuvre relève de « l’esthétique de la spontanéité » et, formellement, il retrouve une unité à travers la variété des matériaux qu’il emploie dans une recherche de « simplicité organique ». Son attention se porte aussi sur la dimension monumentale de la sculpture pour des espaces publics (campus de l’université de Bourgogne à Dijon, Paris, Grenoble). Le ministère de la Culture confie à Alain Kirili la mission d’installer la sculpture du xxe siècle dans les Tuileries.
Colloque « Picasso. Sculptures » : Alain Kirili: « Picasso Sculpteur: un secret du XXe siècle »
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Émilie Bouvard : « Louise Bourgeois et Pablo Picasso, l'art et le fétiche »
Emilie Bouvard, conservatrice chargée de la recherche, de l'art contemporain et des peintures (1938-1973), Musée national Picasso-Paris
Louise Bourgeois, éduquée dans un milieu bourgeois de restaurateurs de tapisserie, formée dans les académies parisiennes des années 1920 et 1930, a découvert assez tôt l’art de Pablo Picasso. En voisine de la galerie Gradhiva d’André Breton dans les années 1930, elle sait aussi l’importance qu’accorde à Picasso le milieu surréaliste – milieu qui la rejette, et particulièrement Breton. En 1938, alors qu’elle tient une petite galerie de gravures et de dessins, elle rencontre l’historien d’art américain Robert Goldwater, qui vient de finir sa thèse sur « Le primitivisme dans l’art moderne ». Il y loue l’art de Picasso, et non celui des surréalistes, qu’il juge « faux ». Il semble que Bourgeois et Goldwater soient d’accord. Pour Bourgeois, si l’art de Picasso ne représente pas une influence sur le plan formel, en revanche, il reste pour lui un modèle, celui de la recherche d’un authentique primitivisme, face à la « littérature » surréaliste.
Biographie : Emilie Bouvard est conservatrice au Musée national Picasso-Paris, chargée des peintures de 1938 à 1973, de la recherche et des éditions et de l’art contemporain. Elle achève une thèse d’histoire de l’art portant sur la « Violence des artistes femmes. 1960-1975 » à l’Université Paris I.
Colloque « Picasso. Sculptures » : Émilie Bouvard - « Louise Bourgeois et Pablo Picasso, l'art et le fétiche »
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Bénédicte Ramade : « Le motif Picasso »
Bénédicte Ramade, docteur en Sciences de l'art, Université de Montréal
Si les filiations de Picasso sur la scène artistique contemporaine s’établissent avec une évidence certaine dans le domaine pictural, celles avec sa sculpture restent plus évasives et ponctuelles. Pourtant, la décatégorisation des objets usuels qu’opéra Pablo Picasso à partir des années cubistes, infuse assurément nombre de pratiques contemporaines (Gitte Schäffer, Judith Hopf, An Te Liu, Aubry et Broquard par exemple pour cette communication). Si le nom de Pablo Picasso est rarement avancé par les artistes eux-mêmes, force est de constater que son influence est tangible tant formellement que sur un plan expérimental. Ricky Swallow et Aaron Curry font figure d’exception, reconnaissant cet héritage processuel et esthétique sans sacralisation outrée. Leur approche s’effectue avec une décomplexion toute postmoderne mais non citationnelle qui convainc de la pertinence de l’apport de Picasso aux logiques sculpturales contemporaines.
Biographie : Bénédicte Ramade a consacré son doctorat à l’art écologique américain dont elle a proposé une réhabilitation critique et qu’elle a soutenu à l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne en 2013. Historienne de l’art et critique pour différentes revues comme « L’Œil et Zérodeux » en France, « Espace et Ciel variable » au Québec, productrice de radio pour France Culture entre 2003 et 2006, elle s’est spécialisée en art contemporain. Après avoir enseigné dix ans l’histoire de l’art à l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, elle enseigne cette matière à l’université de Montréal où elle a été invitée à entreprendre un postdoctorat à partir de septembre 2016, consacré à l’« anthropocénisation » de l’histoire de l’art et des discours critiques.
Colloque « Picasso. Sculptures » : Bénédicte Ramade - « Le motif Picasso »
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Bettina Bauerfeind : « Des monuments «en rien»: la postérité de la sculpture de Picasso dans l'espace public »
Bettina Bauerfeind, docteur en histoire de l'art, Université de Paris-Sorbonne
Deux décennies avant de choisir la « Tête de femme (Dora Maar) » pour un hommage public à Guillaume Apollinaire, Picasso propose plusieurs sculptures funéraires qui révolutionnent alors la conception du monument commémoratif. Tous ses projets sont rejetés par le comité de sélection. Transgressant les conventions du mémorial par la place importante qu’ils accordent au vide et à l’idée de mouvement, par leur matière ou par leur manière de jouer avec la notion de l’absence, les projets picassiens placent l’ambiguïté au cœur du monument, préfigurant une nouvelle forme de commémoration manifeste dans l’art contemporain.
Biographie : Bettina Bauerfeind est docteur en histoire de l’art (université Paris-Sorbonne) et a enseigné à l’université Paul-Valéry Montpellier 3. Spécialisée dans l’art contemporain, elle s’intéresse notamment aux liens entre l’art et la mémoire et aux relations qu’entretiennent les œuvres d’art à leurs sites d’exposition. Parmi ses publications et interventions récentes sur le thème de la commémoration figurent « Le monument est mort : vive le monument ? Les lieux de mémoire de l’art contemporain » (« Les Cahiers du musée national d’art moderne », no 128, été 2014) ainsi que « Monuments éphémères sur Trafalgar Square : un rapport ambivalent à la commémoration » (Festival d’histoire de l’art de Fontainebleau, 2013).
Colloque « Picasso. Sculptures » : Bettina Bauerfeind - « Des monuments «en rien»: la postérité de la sculpture de Picasso dans l'espace public »
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Jean-Christophe Norman, artiste performer
Conversation avec Emilie Bouvard
Biographie : Né en 1964, Jean-Christophe Norman vit et travaille à Besançon et de par le monde. Biographie : Expositions récentes et performances: Van Abbemuseum, Frac Franche-Comté, Frac Paca, Centre Dürrenmatt Neuchâtel, Fondation Michalski, Far Nyons, Biennale de Belleville, Musée des arts décoratifs Paris, Musée National Picasso, Wyspa Foundation Palerme, Phnom Penh, Alternativa Gdansk… Prochaines expositions : Biennale de Québec, MacVal (exposition personnelle), Tokyo, Hiroshima, Nantes… A entreprit depuis trois ans, un projet au long cours, « Ulysses, a long way », qui consistent à réécrire entièrement et sous la forme d’une ligne continue écrite sur le sol des villes qu’il traverse de par le monde : Tokyo, Marseille, Phnom Penh, Palerme, Gdansk, Paris…
Publications : « Les Circonstances du hasard » (Presses du réel) ; « La Conversation » (Frac Franche-Comté) ; « Grand Mekong Hotel » (De l’incidence Éditeur) ; « Cahier Dürrenmatt – Matières » (Centre Dürrenmatt).
Colloque « Picasso. Sculptures » : Jean-Christophe Norman
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